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Title: La séparation achevée - Code: B9H4X7Contest: NY / 2012
By: E. Ansaloni - S. Brunetti - I. Lomuti
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JOSHUA PRINCE-RAMUS1 EVA FRANCH I GILABERT1 ROLAND SNOOKS0 SHOHEI SHIGEMATSU1 ALESSANDRO ORSINI2 MITCHELL JOACHIM31.3
La séparation achevée
8.35 A.M.: Every time I get to this subway stop I get the same awful feeling. A choking feeling that hits the most delicate part of my body, my neck. The growing sense of constraint – darned tie! – makes that annoying sound come out of my nose. Very soon this apparent dream – maybe an anticipation of how I fear to end up! – disappears…and with it the anxiety. I’ll be alright! Luckily all the windows are shut tight and no danger can get in. Watching not to be noticed I squeeze my book, hidden by a gossip magazine under my jacket. The only real tranquillizer I am allowed, that lets me breath again and once I open it I read the same VIII paragraphs until its time to get off: ”I. La séparation achevée
1 Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans une représentation.
20 La philosophie, en tant que pouvoir de la pensée séparée, et pensée du pouvoir séparé, n’a jamais pu par elle-même dépasser la théologie. Le spectacle est la reconstruction matérielle de l’illusion religieuse. La technique spectaculaire n’a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d’eux : elle les a seulement reliés à une base terrestre. Ainsi c’est la vie la plus terrestre qui devient opaque et irrespirable. Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle héberge chez elle sa récusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la réalisation technique de l’exil des pouvoirs humains dans un au-delà ; la scission achevée à l’intérieur de l’homme.
VII. L’aménagement du territoire
166 C’est pour devenir toujours plus identique à lui-même, pour se rapprocher au mieux de la monotonie immobile, que l’espace libre de la marchandise est désormais à tout instant modifié et reconstruit.
167 Cette société qui supprime la distance géographique recueille intérieurement la distance, en tant que séparation spectaculaire.
168 Sous-produit de la circulation des marchandises, la circulation humaine considérée comme une consommation, le tourisme, se ramène fondamentalement au loisir d’aller voir ce qui est devenu banal. L’aménagement économique de la fréquentation de lieux différents est déjà par lui-même lagarantie de leur équivalence. La même modernisation qui a retiré du voyage le temps, lui a aussi retiré la réalité de l’espace.
169 La société qui modèle tout son entourage a édifié sa technique spéciale pour travailler la base concrète de cet ensemble de tâches : son territoire même. L’urbanisme est cette prise de possession de l’environnement naturel et humain par le capitalisme qui, se développant logiquement en domination absolue, peut et doit maintenant refaire la totalité de l’espace comme son propre décor.
170 La nécessité capitaliste satisfaite dans l’urbanisme, en tant que glaciation visible de la vie, peut s’exprimer – en employant des termes hégéliens – comme la prédominance absolue de «la paisible coexistence de l’espace» sur «l’inquiet devenir dans la succession du temps».
171 Si toutes les forces techniques de l’économie capitaliste doivent être comprises comme opérant des séparations, dans le cas de l’urbanisme on a affaire à l’équipement de leur base générale, au traitement du sol qui convient à leur déploiement; à la technique même de la séparation.”
G. Debord, La Société du Spectacle, Paris, Èditions Buchet-Chastel, 1967.